Cet article résume très brièvement un projet en cours de réalisation : une vidéo-essai à propos de l'inclusion des personnes trans dans le sport. Elle sera publiée prochainement. Elle repose sur la littérature scientifique ainsi que sur les réflexions politiques liées aux questions trans et de genre en général, et ce, d'un point de vue physiologique comme sociologique.
Inclure les personnes trans dans le sport, particulièrement dans les compétitions, paraît injuste. Particulièrement dans le cas des femmes trans (MtF, Hommes Vers Femmes), celles-ci seraient avantagées du fait de leur puberté masculine. Effectivement, les femmes transgenres sont souvent plus grandes, ont une densité osseuse conséquente et une mémoire musculaire susceptible de les favoriser par rapport aux femmes cisgenres. Cependant, elles ont des répartitions graisseuses plus désavantageuses et l'interaction entre une forte densité osseuse et la perte de musculature liée au traitement hormonal est susceptible de davantage les pénaliser. De plus, le rôle de la testostérone est fétichisé socialement, ce qui pousse à surestimer ses effets.
De plus, avoir une réflexion biologisante occulte de nombreux aspects bloquant l'accès aux femmes trans dans le sport.
D'une part, le sport féminin s'est construit dans la misogynie. Lors des Jeux Olympiques de 1928, certaines femmes sont autorisées à concourir à des épreuves d'athlétisme. Ces épreuves sont choisies selon des critères esthétiques et la volonté de "ne pas abimer les femmes" dans des sports trop violents. Autrement dit, les femmes ne doivent pas être trop fortes et rester esthétiques. Ce sexisme continue de se manifester via les tests de féminité dans le sport : les femmes ayant actuellement des taux de testostérone jugés trop élevés sont exclues de certaines compétitions. Par exemple, Caster Semenya, athlète sud-africaine, est exclue du fait de son intersexuation qui la pousse à avoir des taux de testostérone plus élevés que les taux autorisés chez les femmes par World Athletics. Les critères qui favoriseraient les performances féminines sont contrôlés pour assurer que la compétition soit juste. Pourtant, chez les hommes, on n'a pas ce type de tests. Seuls les hommes ont le droit d'avoir des caractéristiques physiques exceptionnelles pour participer. La place des femmes trans se situe donc pleinement dans ces enjeux : en tant que femmes et en tant que femmes accusées de masculinité.
Il est important de noter que la transphobie peut éloigner du sport : la crainte des vestiaires est par exemple une source d'anxiété importante chez les personnes trans. De plus, la transition peut ralentir l'entraînement. Par exemple, l'athlète Halba Diouf a dû arrêter de s'entrainer un an le temps de gérer sa transition. Cependant, on ne mentionne jamais cela lorsqu'on critique ses performances jugées "trop exceptionnelles" pour une femme.
Enfin, il faut mentionner les facteurs économiques et politiques favorisant les performances sportives. En effet, aux Jeux Olympiques, avoir un PIB élevé ou être un ex-pays communiste est positivement corrélé avec le nombre de médailles obtenues. Il y a donc une hypocrisie manifeste sur les sources d'inégalité : on s'attarde sur la performance des femmes trans qui seraient avantagées biologiquement sans mentionner leurs conditions matérielles d'existence, ni les facteurs politico-économiques améliorant les performances des sportifs.
Par conséquent, il convient d'apporter une réflexion sur le sport : comment on définit une compétition juste ? Comment permet-on à tout le monde de s'approprier son corps via le sport ? Comment on permet une forme de convivialité via cette pratique ? Ainsi, on pourrait trouver une place adaptée pour les personnes trans ou aux personnes intersexes.
Comments