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Analyse électorale : 1ère circonscription de l'Isère

Photo du rédacteur: Fynch MeynentFynch Meynent

Début octobre 2024, Hugo Prévost, député NFP-LFI de la première circonscription de l'Isère, démissionne de son poste. Des élections législatives partielles vont alors avoir probablement lieu en janvier 2025. 


L'objectif de cet article est d'effectuer de l'analyse et de la prévision électorale pour cette élection. Ce travail a été réalisé dans un cadre militant, pour assister la campagne de Lyes Louffok, candidat investi par le NFP (Nouveau Front Populaire) pour ces élections législatives partielles. Les données électorales proviennent du Ministère de l'Intérieur.


Beaucoup d'éléments de cet article dépendent de l'actualité, il se peut donc que des analyses ici présentes deviennent obsolètes.


Descriptif de la 1ère circonscription de l'Isère

Cette circonscription a été découpée en 1986 par Charles Pasqua, ministre classé à droite de l'échiquier politique de l'époque. Une rumeur raconte que ce découpage a été pensé dans le but de faire élire Alain Carignon, maire RPR de Grenoble de 1983 à 1995. Toutefois, la première circonscription de l'Isère était déjà à droite depuis 1958.


En 2007, la circonscription est récupérée avec Geneviève Fioraso (PS). Ancien suppléant de Fioraso, Olivier Véran est élu député de la circonscription en 2017 sous l'étiquette LREM et réélu en 2022.


Aujourd'hui, cette circonscription comprend de nombreuses communes avec des ménages assez aisés : Corenc, Biviers, Meylan... qui ont plutôt tendance à voter à droite. À l'inverse, la partie nord-est de Grenoble, comprise dans la circonscription, vote davantage à gauche. Cette partie de Grenoble comprend notamment les quartiers populaires de l'Abbaye et Teisseire.


Que s'est-il passé aux élections de l'été 2024 ?

Les élections de 2024 comportaient 5 candidats des tendances suivantes : Lutte Ouvrière, NFP-LFI, Renaissance (majorité présidentielle), LR et LR-RN.


Du fait d'un taux de participation élevé (75%) dans la circonscription, une triangulaire se profile au second tour :

  • Hugo Prévost (NFP-LFI) : 40,19% des suffrages exprimés

  • Olivier Véran (Renaissance) : 33,62% des suffrages exprimés

  • Alexandre Lacroix (LR-RN) : 18,64% des suffrages exprimés


Le graphique ci-dessous représente les scores des différents bureaux de vote au second tour des élections en juillet 2024 : Grenoble a plutôt voté NFP tandis que les autres communes ont préféré Olivier Véran, député sortant Renaissance (majorité présidentielle).



Hugo Prévost gagne les élections avec 42,35% des suffrages exprimés, dépassant Olivier Véran de seulement deux points.


Les diverses forces de gauche ont-elles voté pour NFP sachant que le candidat était à LFI ? En effet, la liste Place Publique-PS conduite par Raphaël Glucksmann a obtenu des scores assez élevés dans la circonscription : ont-ils préféré Prévost ou Véran ?


J'ai alors estimé une matrice de report via la méthode IPF (Iterative Proportional Fitting) : cette méthode permet d'obtenir une matrice de report de voix. Cette méthode a le défaut de mal gérer les partis ayant fait des petits scores et de déterminer une matrice de report qui permet une bonne prédiction, mais ne traduit pas nécessairement le processus causal. Toutefois, cette approche est satisfaisante pour prédire et comprendre ce qui se joue dans les partis les plus importants. Ici, nous observons clairement que les électeurs PS-PP ont préféré Véran au premier tour, tandis que les autres forces du NFP ont voté pour Prévost.

Par ailleurs, Olivier Véran est une figure médiatique et locale, le fait d'être élu dépend alors aussi du rapport à sa personne et non pas seulement à son étiquette. Ainsi, il peut être repoussoir comme fédérateur en tant que personne. Il est difficile de le savoir : 1% de voix en plus pour la liste Renaissance aux européennes (supposée traduire un vote lié à l'étiquette, car la figure de Valérie Hayer demeure peu connue) est corrélé à 1,47% de voix en plus pour Olivier Véran au premier tour. Il est alors possible que Véran attire des électeurs par sa personne ou que le plus faible nombre de candidats ait conduit à cette augmentation par le simple mécanisme de report (notamment les reports des électeurs PS-PP).


Prévisions pour les élections de 2025

Une des difficultés pour la prédiction est que tous les candidats ne sont pas connus. Cependant, nous savons actuellement que :


  • Inconnu(e) de Lutte Ouvrière (ils se présentent systématiquement)

  • Lyes Louffok (NFP-LFI), officiellement investi, est candidat

  • Hervé Gerbi a annoncé sa candidature (bloc central)

  • Olivier Véran ne souhaite pas se représenter et indique que sa suppléante de 2020, Camille Galliard-Minier, souhaite se porter candidate.


Amandine Germain, candidate dissidente PS, a annoncé son retrait le 6 novembre, cependant des analyses ont été conduites avant cette annonce dans mes prédictions pour prédire les effets de sa dissidence.


Par ailleurs, l'abstention est plus forte en législative partielle, il faut donc compter sur une plus faible participation. Nous la ferons baisser d'en moyenne 20%.


Toutefois, dans un premier temps, j'ai considéré une configuration identique à l'été 2024 en supposant des reports aléatoires de voix. Globalement, les résultats de premier tour restent assez similaires à ce qui est observé durant l'été. Cependant, la baisse de participation rend quasi impossible la configuration de triangulaire. Ainsi, il faut prédire ce qu'il se passe en cas de duel NFP-LFI.


Pour ce faire, nous avons estimé une matrice de report par la méthode IPF en reprenant les élections de 2022 de la circonscription dans laquelle Olivier Véran était contre une candidate NFP-LFI. Les candidatures au premier tout étaient cependant plus nombreuses : les petites candidatures hors LO ont été négligées et les voix du RN et Reconquête ont été sommés comme extrême-droite.


Globalement, les électeurs de droite se sont reportés sur Véran et ceux de gauche sur la NUPES. Toutefois, la moitié des électeurs d'extrême-droite se seraient abstenus.


Ainsi, en utilisant cette matrice de report, on obtient les scores suivants : Plusieurs sont possibles, car nous avons supposé une abstention et un report de voix aléatoires au premier tour, donc les résultats du premier tour ont changé entre les simulations, modifiant ainsi les résultats du second tour.


En moyenne, le candidat LREM obtient 56% des suffrages et Lyes Louffok 44%. Si les reports en 2025 sont identiques à ceux de 2022, il est quasi impossible que le NFP remporte ce duel. Toutefois, les reports peuvent varier, car le bloc central s'est affaibli depuis 2022.


Avant d'apprendre son désistement, j'ai également simulé un premier tour où une candidature dissidente PS serait présente. J'ai décidé de sélectionner la 1ʳᵉ circonscription des Pyrénées-Atlantiques : en dehors d'une candidature TUPV (Tous Unis Pour le Vivant), les candidats seraient similaires à une dissidence en Isère si on suppose que le reste des candidats est identique à 2024 (LO, NFP-LFI, GDS diss (proche de PS), Ensemble, LR, RN). Parmi les circonscriptions ayant présenté des dissidences PS face à LFI, c'est une des configurations les plus proches, même s'il faut noter que le RN y est plus fort qu'en Isère. Cette circonscription semble davantage ancrée à droite. Mais nous n'aurons pas de meilleure approximation. Nous avons donc calculé les matrices de report entre les européennes et les législatives de la circonscription en négligeant la candidature TUPV.


Les résultats associés aux petites listes en termes de report sont assez étonnants, mais leur effet sera limité, car ça représente une faible partie de la population. Les résultats paraissent cohérents au vu des principales tendances politiques. Des modifications ont toutefois été appliquées à cette matrice : en effet, dans les Pyrénées-Atlantiques, les électeurs EELV préféraient la candidature dissidente ou LREM. Or, localement, EELV soutenait la candidature de Lyes Louffok et les électeurs EELV avaient massivement voté NFP en juin 2024 donc nous avons modifié les reports. Le comportement des autres partis nous paraissait cohérent.


Nous avons alors appliqué cette matrice de report aux résultats des européennes de la circonscription pour prédire les résultats des législatives partielles. Nous avons fixé une abstention aléatoire (en moyenne à 20 % supérieure à celle de 2024), nous obtenons les résultats suivants en suffrages exprimés :


  • LREM : 27,08%

  • PS : 21,76%

  • NFP-LFI : 21,57%

  • RN : 19,08%

  • LR : 8,68%

  • LO : 0,58%


Il est donc très difficile de savoir qui se qualifierait au second tour en duel face à LREM : le RN pourrait même se qualifier si nous avons légèrement sous-estimé ses performances.

Cependant, cette simulation présente des limites : le report à une partielle pourrait être différent de celui des législatives 2024 où la dynamique politique était différente, et peut-être que les électeurs d'un même parti dans les Pyrénées-Atlantiques ne se comportent pas de la même manière que les électeurs de ces mêmes partis en Isère.


Ces travaux seront poursuivis au fur et à mesure que les informations sur les candidats qui se présentent arrivent. Cela permettrait de faire des simulations dans un cadre déjà plus défini qu'actuellement où nous nous fondons sur des suppositions.


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